traduction témoignage de Vanessa : mer de plastique

Mer de plastique. Seigneur, que veux-tu de moi ?

Voici le témoignage écrit par Vanessa, amie madrilène d'Abigail avec qui nous sommes allées à Campohermoso... il est superbe et plein de souffle; je ne résiste pas à vous l'envoyer.
Je vous embrasse Laure

Bonjour à tous:

Je veux partager mon expérience avec vous. Durant quelques jours du mois d?août j?ai été dans plusieurs villages de Nijar (Almería ? Espagne) appelés San Isidro et Campohermoso. J?y ai été con Abigail et Laure qui appartiennent à la Congrégation des S?urs de l?Immaculée Conception de Castres, Laure étant sur le point d?y entrer, et Alma. Je veux remercier les s?urs pour la maison qu?elles nous ont laissée durant notre séjour.

La première chose qui m?a appelé l?attention en arrivant à Almería, c?est l?immense mer de plastic qui couvre leurs terres, leurs plantations. N?importe où que va ton regard tu verras, partout, des serres immenses, c?est le jardin d?Europe maison malheureusement, ils arrivent à leur fin. En terminant mon récit je joins une page web avec des informations sur les serres et sur l?immigration à Almería.

Je me souviens encore à quel point j?ai été impressionnée en voyant où vivaient les africains. Le premier jour que je les ai visités je n?ai pas osé sortir ma caméra de mon sac. Un peu plus tard, plus en confiance avec eux, j?avais déjà commencé à prendre des leçons d?espagnol, je leur ai demandé la permission de prendre des photos, leurs visages sont un peu éloignés, ce que je tenais à faire remarquer c?est le lieu dans lequel ils vivent et non la personne. Je crois que personne n?aimerait vivre de cette façon.

Il n?est pas toujours nécessaire d?aller au Zimbaoué pour voir la misère et la pauvreté de l?être humain. A certaines occasions elle est si proche que nous devons faire quelque chose pour la supprimer. Ces « cortijos? à demi abandonnés, ou réservoirs, ou camions inutilisables, où vivent des êtres humains, de 15 à 23 personnes, est inadmissible dans cette société capitaliste occidentalisée et bien sûr très développée. Ici la pauvreté est très grande, sur le sol européen lui-même, elle passe en Espagne, dans ma chère Espagne. Je suis aussi consciente qu?il existe une autre pauvreté plus profonde encore, celle de l?âme, celle de l?esprit, le fait de vivre entouré de misères matérielles qui t?éloigne de l?essentiel. Le plus impressionnant c?est l?attitude de quelques jeunes, "ça ne fait rien" me dit un ghanés, "c?est pas un problème maman" (c?est la manière d?appeler les s?urs). Réellement ils sont entourés de problèmes, cependant leur attitude est différente de ce à quoi on pourrait s?attendre, ils voient qu?il y a des personnes espagnoles préoccupées pour leur situation, ils ne sont pas seuls, ils croient en Dieu et il y a des s?urs avec eux, ils ne peuvent imaginer ce qu?ils deviendraient si elles n?étaient pas là. J?ai gardé en moi la phrase qu?ils ont l?habitude de répéter à tout bout de champ et que l?on entend très souvent : "CA NE FAIT RIEN". La situation continue, mais ce qui change c?est l?attitude, je me rends compte que moi j?ai beaucoup à apprendre de ces personnes.
Tu crois que tu vas les aider beaucoup, et réellement tu le fais, cependant c?est toi qui reçois le plus, qui apprends le plus de cette expérience de vie.

Ils me donnent des leçons, j?apprends continuellement à apprécier la vie, à souhaiter l?améliorer encore plus ; ces africains me gagnent en Foi, ils s?abandonnent pleinement à Dieu, à moi, ça me coûte encore, je sens la Foi qu?ils ont et comment ils font face à la vie sans avoir rien d?autre que leur existence sans rien, seulement leur Etre et leur Foi, et moi ? Je remets tout en question ! J?aimerais me laisser faire entre les mains de Dieu, laisser ma vie entre ses mains, que Lui me la modèle, je voudrais augmenter ma FOI, avoir la cohérence des S?urs. Aimer Dieu par-dessus tout : l?argent, le travail, tout ce qui fait obstacle dans ma vie. AIMER DIEU. Comme l?a dit Mamadou, "la Foi c?est primordial".

Face à la quantité de besoins qu?il y a à San Isidro, las S?urs ne désespèrent pas, je me demande d?où elles sortent chaque jour la force ! Elles sont un Evangile vivant. Ce qui m?émeut, c?est leur force, leur calme, la sérénité qui en découle. Je vois que dans la société on a besoin d?autres Puris, Aracelis, Anas, Mercedes, les Soeurs de la Sainte Famille et tant d?autres Soeurs qui remplissent une tâche admirable, elles ne quittent pas LE PAYS , ni LE MONDE, cependant leur travail laisse des traces.

J?ai appris à prendre des forces, à avoir la FOI, à savoir que rien n?est impossible, à avoir de l?espérance, j?ai senti là Dieu partout, il serait difficile de ne pas le voir, je savait que ce lieu m?appelait, ce village appelé San Isidro de Nijar, Almería, m?appelait de très loin. De plus son nom est le même que celui du patrin de Madrid. Quand j?ai raconté ce que j?ai vécu à ma famille, à mes amis, ils ne comprennent toujours pas pourquoi je suis allée là-bas, pourquoi je voulais voir ce que j?ai vu, je me demandais la même chose quand un missionnaire allait à mon collège, quand j?étais petite et qu?il nous racontait ses histoires d?Afrique, je me demandais pourquoi il laissait tout le confort et les commodités de sa maison, ses êtres chers, et s?en allait si loin POURQUOI ? Pour aider des gens qu?il ne connaissait pas. Même sans la comprendre cette attitude m?attirait, tout laisser et marcher vers où Dieu t?appelle, pour vivre avec les pauvres, être sa parole d?encouragement, tout laisser pour aller là où existe la pauvreté la plus grande. Toujours je dis à Dieu qu?Il m?appelle où Il voudra, je veux savoir quel est le projet qu?Il a préparé pour moi, je veux être comme Pierre qui a tout laissé et qui l?a suivi. Je demande à Dieu : Seigneur, que veux-tu de moi ?

Mais il y a encore beaucoup de choses qui sont un obstacle pour moi, des objets matériels, des préoccupations. Avec cette semaine si intense vécue à Campohermoso et San Isidro, j?ai appris à voir plus loin, à être plus simple, plus humble, à ne pas me plaindre, à être une de plus dans la vie avec Alma, Abi, Laure, à chercher des solutions, à prendre des initiatives comme les S?urs Mercédaires, Ana, Puri, Araceli, qui, malgré une quantité d?obstacles qui sont là devant elles, sont toujours actives, décidées, sûres d?elles-mêmes, prêtes à prendre le volant et à aller là où Dieu les conduit. Je veux être comme elles.

Dans quelque lieu que j?aille, ma famille, mes amis, je parle des S?urs Mercédaires ; leur force pour aller de l?avant m?a impressionnée, leur philosophie de "problèmes zéro", leur amour pour la Parole vivante de l?Evangile, leur cohérence, j?ai appris que l?on peut vivre avec peu, à profiter de tout, à savoir gérer, à motiver les personnes, à injecter de l?espérance, à faire en sorte que chacun se sente utile dans la communauté. Malgré leur âge, leurs infirmités, les Soeurs sont les mains de Dieu, et je me souviens d?une phrase de l?Evangile "LA MOISSON EST ABONDANTE ET LES OUVRIERS PEU NOMBREUX" (Mt 9, 37). Cependant, elles, elles sont proches du jeune africain qui n?a rien, elles sont les intermédiaires dans tout ce qui se passe, mieux encore de toute injustice qui se commet contre eux quand l?employeur ne veut pas les payer, elles encouragent les femmes marocaines à assister aux classes d?espagnol.. Elles sont leur voix, elles sont la voix de ceux qui n?ont pas de voix, de ceux et celles qui vivent ensemble dans les serres, dans des conditions misérables, de ceux qui restent sur les places, en silence, et qui n?ont rien à faire. Elles sont leurs classes d?espagnol, leur atelier de couture et de poches, leur sac pour les aliments, leur joie à l?église, leurs réunions de chrétiens les samedis soir, leurs matelas, leurs couvertures, leurs bicyclettes? etc. Elles sont leur espérance vivante parce que, sans elles, qu?adviendrait-il de ses africains qui arrivent à Almería cherchant un rêve invisible. Elles sont l?Eglise vivante. Elles remercient Dieu de les avoir placées là pour aider le prochain. Elles sont ses bras, ses yeux, sa voix. Leur porte est toujours ouverte parce toujours elles sont là.

J?ai été étonnée de la quantité d?activités qu?elles réalisent, de leurs initiatives, de ce qu?elles sont toujours en chemin, je me rends compte que Dieu les conduit, de leur simplicité, de leur humilité, de leur proximité ; elles ne perdent pas de temps à critiquer, elle se mettent au travail là où l?on a besoin d?elles. J?ai tellement appris d?elles et de tout ce qui se fait à Campohermoso et San Isidro que j?aimerais tout transmettre. Les gens de l?administration parfois leur adressent des personnes africaines pour qu?elles trouvent une solution à leurs problèmes. Vous les verrez toujours avec un sourire au visage, un regard lumineux, ouvert, disposées à aider. Je crois que c?est cela que Dieu nous demande, que nous soyons capables d?être disponibles pour les autres, d?aider, de servir l?humanité, de faire le maximum quand celui-ci est à notre portée, de transformer notre manière d?être et de faire, d?humaniser notre entourage, d?être ferment, être flambeau dans l?obscurité, d?être ESPERANCE.

Curro, est un autre témoin vivant de l?Eglise. C?est un médecin neurochirurgien qui travaille là, il est de Badajoz, mais on l?a placé ici de façon temporaire. Quand il termine son travail, et parfois, sans avoir rien mangé, il va à San Isidro, pour être une main supplémentaire, pour aider là où il y a une nécessité. Il fait partie de ces personnes desquelles émanent une lumière particulière, il a, comme les s?urs, un regard brillant, ses yeux sont pleins de vie, ils reflètent une plénitude jaillissant à flots. Quand tu vois tant de paix, tant d?amour dans ceux qui t?entourent, tu ne peux pas rester la même, tu reçois toujours plus que ce que tu donnes, tu reçois le sourire de ces jeunes africains qui te remercient et te serrent la main quand tu termines la classe, tu reçois cette noblesse qui normalement émanent d?eux, tu reçois les regards de gratitude de ces personnes qui ont tout laissé, famille, peuple, ville, pays, coutumes, même la vie, pour venir dans l?Europe rêvée, pour améliorer leurs vies, pour atteindre ce type de rêves qui grandissent au Sénégal, Mali, Maroc, Ghana, Nigeria, Guinée Conakry, Burkina Faso..., tu reçois la plénitude de Dieu, du remplis ta vie de sens, tout cela c?est croire en la Parole Vivante de l?Evangile et te vivifier. C?est te mettre en chemin.

Avec cette expérience je me suis rendue compte qu?il convient de s?arrêter dans la vie pour savoir où l?on va, faire taire le bruit de notre esprit pour savoir quel est le chemin véritable que Dieu a pour chacun de nous. Il convient de prendre une certaine distance de la vie que l?on mène pour regarder ce que l?on a fait jusqu?à maintenant et se demande ce que Dieu veut pour soi, ses plans ne coïncident peut-être pas totalement avec les nôtres ! Cette expérience a été un cadeau de Dieu. J?ai appris de chacune, de l?infatigable Abi, du sourire perpétuel et de l?esprit précieux de Laure, du non conformisme de Alma, et que Tout est possible.


Le courrier des S?urs est : mercedarias_sanisidro@telefonica.net

L?article duquel je vous ai parlé au début.

Almería: el final de la gran cosecha

La "huerta de Europa". Así llaman a la extensión de invernaderos que brilla en el litoral de Almería. Pero su brillo se está apagando. Los problemas se acumulan y la herencia contaminada está saliendo a flote.

Le « jardin potager d?Europe ». Ainsi appelle-t-on l?extension se serres qui brillent sur le littoral de Almería. Mais son éclat est en train de s?éteindre. Les problèmes s?accumulent et l?héritage contaminée se manifeste.
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