:flech: Comment peut-on amorcer ensemble une transformation sociale ?
Écoutons ce récit : Une voie s?ouvrira.
Cette histoire et tant d?autre similaires insuffle une vie et doit nourrir nos plans, nos actions et nos évaluations.
Choropampa est un petit village situé dans le département de Cajamarca. Ses 1.500 habitants vivaient, jusqu'à il y a peu, de l'agriculture et du commerce. Le 2 juin 2000, un accident de camion change le cours de leur histoire.
Pour en savoir plus, écoutons le jeune maire de Choropampa. Lot Saavedra avait 23 ans lorsque l'accident a eu lieu.
Mon village s'appelle Choropampa. Ce qui veut dire « des escargots sur la montagne ». Pour atteindre la ville de Cajamarca, la société minière doit passer par chez nous. C'est pour cela qu'une route a été construite en plein milieu de notre village. Aujourd'hui, des dizaines de camions y passent chaque jour.
Le 2 juin 2000, suite à un accident, un de ces camions déverse près de 150 Kg d'un métal de couleur argentée. L'aspect étrange de ce métal a attiré notre attention: les enfants ont joué avec et nos grands-parents l'ont ramassé en croyant qu'il avait des vertus curatives. Comme le conducteur du camion est parti sans rien nous dire, nous ne savions pas que c'était du mercure ni que c'était dangereux pour la santé. :ha3:
Le lendemain, des fonctionnaires de la mine sont venus. 'Soucieux de récupérer le produit, ils ont proposé de racheter le mercure que nous ramasserions. Ils nous ont dit qu'il ne s'agissait pas d'une substance toxique. Ils nous ont menti.
Il n'a fallu que quelques jours pour que ma famille et mes amis aient les premiers symptômes d'intoxication : maux de tête et d'estomac, chute de cheveux, insuffisance respiratoire, présence de sang dans l'urine, ... Quant à moi, je suis resté un mois et demi à l'hôpital et, depuis lors, j'ai de graves problèmes aux reins. :col:
L'intoxication des habitants de mon village aurait pu être évitée. Mais il aurait fallu pour cela que la société Yanacocha assume sa responsabilité. Or, ce n'est que bien trop tard que des mesures de sécurité (comme un nettoyage de la zone) ont été prises. En attendant yanacocha a voulu préserver son image. On nous a dit qu'il n'y avait aucun lien entre le mercure et les maladies. Des médecins, payés par Yanacocha ont même affirmé que nous avions eu une indigestion.
Un jour, ils sont revenus pour nous faire signer un document qui disait qu'ils n'étaient pas responsables de l'accident et qu'il n'y avait pas eu de contamination. En échange d'un peu d'argent, presque 700 personnes (dont une grande partie ne sait ni lire, ni écrire) ont signé ce contrat. Moi, j'ai refusé.
Alors j'ai été les rencontrer pour discuter, de tout cela, mais ils m'ont dit que je n'avais aucune preuve.
Il faudrait qu'une étude scientifique neutre (qui ne dépende ni de Yanacocha, ni de l'Etat qui a des intérêts économiques dans l'affaire) fasse le point de l'impact sur la santé et l'environnement.
Seuls, nous ne sommes que des fourmis face à l'éléphant qu'est Yanacocha..Pour pouvoir nous battre contre ce géant, nous avons besoin de l'appui de la Communauté internationale.
Pour que nous arrivions jusqu'aux oreilles de l'éléphant, nous avons besoin d'une pression politique qui oblige Yanacocha à prendre ses responsabilités.
Le comportement de la société minière «Yanacocha » a eu de graves conséquences, non seulement sur la santé de la population, mais aussi sur l'environnement. En effet, il existe de fortes chances qu'une partie du mercure ait rejoint les sources d'eau et soit entré dans la chaîne alimentaire. A cela s'ajoutent les difficultés financières: l'économie locale étant principalement basée sur l'agriculture, les habitants ont dû faire face à une méfiance des acheteurs vis-à-vis de leurs produits.
Propos recueillis par Justice et Paix
le 6 novembre 2003 à Choropampa.