L?économie solidaire, un modèle fondateur ?
Les initiatives multiformes de l?économie solidaire - microcrédit, entreprises d?insertion, économie verte - sont-elles porteuses, malgré leur émiettement, d?un projet de société qui remet l?homme au centre de l?économie et des rapports sociaux ? Ses valeurs fondatrices, solidarité, démocratie, responsabilité, pourraient le faire penser. Mais comment, et faut-il, passer de l?utopie à la réalisation grandeur nature ?
Rien ne changera si nous ne faisons pas de la solidarité un axe structurant de notre vie intérieure, de notre réflexion, de nos relations et de notre action. L?option préférentielle pour les pauvres, l?alliance avec eux, ne sont pas seulement du domaine de l'intériorité ; ils débouchent sur autant d?actions concrètes qui sont les visages multiples de notre engagement et de notre renouveau. Ce sont les deux témoignages saisissants de Inès Minin, ancienne présidente de la JOC et Jean-Baptiste de Foucauld, inspecteur général des finances, fondateur et président de Solidarités nouvelles face au chômage.
« Tout ce qui est social est économique, et inversement »
De ces trois jours, il ressort qu?une meilleure articulation s?impose, qui exige davantage de participation des citoyens. La nouveauté radicale de l?économie solidaire réside dans le fait qu?elle fait de l?activité économique « un lieu d?alliance » et un « lieu où l?on entend une promesse de projet à construire ensemble ». L?économie solidaire n?est pas un modèle à reproduire, mais une invitation à créer. Aujourd?hui même, au c?ur de notre histoire, on est capable de faire émerger de la vie nouvelle.
Face à la crise et à l?émiettement du lien social, les 84es Semaines sociales de France ont choisi d?écouter ceux qui sont rarement entendus et de se mettre à l?école des nouvelles solidarités. Ainsi, Andrea Masson explique que « les regards des autres jugent ». Françoise Merlin souligne que « les gens riches veulent aider les pauvres, mais avec leurs idées ». La remarque d?Émilienne Kaci est du même tonneau. « Plus on galère, moins on choisit », dit-elle. « Pour avoir de l?aide, ajoute Marie-France Zimmer, on est obligé de raconter notre vie tout le temps. »
Ces femmes ont parlé avec netteté et intelligence, à la tribune, devant plus de 3 000 personnes. Elles ont évoqué en peu de mots ce que vivent les personnes vulnérables. Elles ont dit tout cela sans forcer sur l?émotion ni succomber à la démagogie. « Il faut oser aller vers l?autre, dépasser les peurs », insiste Andrea. « Pour devenir humains, il faut être solidaires, continue Émilienne. Ce n?est pas parce qu?on est pauvre qu?on est incapable de penser. Et toi qu'en penses-tu ? :by: