Une charte pour un monde sans mur
Una carta para un mundo sin muros –
A charter for a world without walls
Contexte historique
Le projet de charte mondiale des migrants est une démarche qui veut permettre aux migrants d’élaborer et d’écrire collectivement, au niveau mondial, une charte de principes garantissant la liberté de circulation et d’installation des femmes et des hommes sur l’ensemble de notre planète.
Ce projet de charte est né d’une proposition d’un migrant « sans papiers » lors d’une lutte engagée par 120 familles ainsi que leurs enfants en 2006 à Marseille en vue d’obtenir des titres de séjours en France. A la suite, un collectif s’est constitué pour rédiger une charte. Ce fut la première apparition d’une telle idée qui consiste à faire écrire aux migrants eux-mêmes une charte de principes leur permettant simultanément d’exprimer leur vision de la citoyenneté à partir de situations qui leur sont imposées par des politiques gouvernementales.
Cette charte a été présentée au 2ème forum social mondial des migrations en juin 2006 à Rivas Madrid (Espagne) et au premier sommet mondial des migrants latino-américains à Morelia au Mexique en mai 2007.
Très rapidement nous nous sommes aperçus que cette première version correspondait plus à une charte revendicative et non à une charte de principes à l’image de la Déclaration universelle des droits de l’homme ou de la charte des responsabilités humaines. Sa réécriture devenait donc indispensable pour permettre la réappropriation de sa rédaction par tous les migrants à l’échelle planétaire.
L’enthousiasme qui s’est manifesté à travers ces rencontres nous a permis de constituer un groupe à l’échelle internationale et qui a permis l’émergence d’autres propositions venant d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine. Au fil du temps, ce groupe de migrants s’est consolidé et à donné lieu à une coordination internationale de la charte mondiale des migrants.
Avec l’appui de la fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme (www.fph.ch), le groupe s’est doté d’outils pour pouvoir communiquer et surtout populariser le projet de la charte à travers un site Web : www.cmmigrants.org.
Une charte pour quoi faire ?
Beaucoup se sont demandés pourquoi ce projet de charte mondiale des migrants ? N’est-il pas un projet de plus ? alors que tant de conventions et de documents de qualité existent de par le monde et qui ont pris le soin non seulement d’analyser le phénomène des flux migratoires, de refléter avec précision la situation et les difficultés dans lesquelles se trouvaient les migrants et d’identifier les droits qui doivent être attribués à des millions d’hommes et de femmes qui circulent à travers le monde.
Il ne s’agit pas pour nous autres de faire de ce projet un projet de plus. Le projet d’une écriture collective de la charte mondiale des migrants à l’échelle planétaire est une innovation en soi car de tous les textes qui existent aucun n’a été écrit par les migrants eux-mêmes.
Notre démarche est un véritable défi à relever qui consiste à permettre à toutes celles et tous ceux qui ont connu toutes les formes de déplacement, qu’elles soient sous la contrainte, pour des raisons économiques ou par choix personnel, de pouvoir établir à travers leurs vécus et leurs expériences une charte de principes qui pose la question d’un certain nombre de droits fondamentaux :
ü Le premier d’entre eux est celui de la liberté de se déplacer sur notre planète et de s’installer librement où on le souhaite au même titre que les droits qui sont accordés à la libre circulation des marchandises et des capitaux.
ü Le second est l’égalité de droits dans tous les domaines de la vie entre migrants et nationaux dans les pays d’accueil.
ü l’exercice par tous d’une pleine citoyenneté fondée sur la résidence et non la nationalité.
Nous voyons bien qu’à travers ce projet, les migrants souhaitent mettre à l’ordre du jour la question de la libre circulation et installation pour tous sur l’ensemble de notre planète.
Comment y parvenir ?
Il est certain qu’avec ce projet nous sommes dans la construction de nouvelles pratiques qui rompent avec la délégation et qui appelle à l’imaginaire et à la capacité créatrice de chaque individu.
De multiples réunions ont été tenues un peu partout à la fois pour présenter le projet et susciter des vocations d’écriture de propositions de chartes.
Gorée 2011 : le retour vers l’Humanité
Afin que cette charte représente la vision de tous les migrants, il est indispensable de créer une charte unique, qui soit la synthèse des 4 chartes continentales dont nous disposons actuellement. L’île de Gorée est un lieu symbolique et chargé d’histoire. Ce lieu où on a enlevé toute humanité aux personnes en les enchaînant et les enfermant dans des cales de bateaux afin de les envoyer comme esclaves vers l’Amérique ou ailleurs, semble le lieu le plus approprié pour organiser un retour vers l’humanité auparavant confisqué.
L’objet de cette rencontre est donc de réunir des migrants du monde entier dont parmi eux, vraisemblablement des descendants d’esclaves mais aussi des descendants d’esclavagistes pour qu’ils travaillent ensemble durant deux jours.
Afin d’adopter une charte finale émanant des migrants dans le monde, nous prévoyons une rencontre à Gorée en février 2011 quelques jours avant le Forum Social Mondial où sera aussi présenté cette charte.
Toute une partie de cette rencontre sera aussi dédié à réfléchir sur les perspectives à donner à cette charte à travers un mouvement, un réseau voir une alliance mondiale des migrants qui se veut être un espace qui s’appui sur l’imaginaire et les capacités des migrants à participer à la promotion d’un nouveau monde pluriel, solidaire et responsable.
Nous prévoyons de réunir une centaine de migrants pendant deux jours sur l’île de Gorée.