Penser comme une terre-mère : notre demeure la terre , richesse et héritage culturel

(suite) La comparaison entre sociétés modernes et non modernes tourne autour de deux configurations de valeurs opposées. Cette précision est nécessaire. En effet, pour la plupart d’entre  nous, l’homme c’est l’individu, le sujet individuel pour lui-même. Or, pour les sociétés dites non-modernes c’est dans une grande mesure la société, l’homme collectif auquel le sujet particulier est référé. Nous appelons individualisme la première mentalité, « holistique »[1] la seconde. Le passage, la transition que nous devons effectuer de l’une à l’autre n’est pas chose aisée, car, subordonner la tradition à la « rationalité » est vite fait. A ce sujet, nous avons une riche contribution de Meinrad HEBGA dans une de ses thèses : La rationalité d’un discours africain sur les phénomènes paranormaux. Ed l’harmattan, 1998.

 

Le sens de la terre en Afrique s’inscrit justement dans cette logique de société, du collectif, de la tradition. Nous pouvons distinguer trois catégories de terres. D’abord les terres appropriées, héritées des ancêtres ou terres ancestrales ; ensuite les terres « créées » ou acquises à titre personnel ; enfin, les terres non appropriées.

Les terres ancestrales se subdivisent  en trois sous-catégories :

* les terres d’habitation du village ;

* les terres cultivées ou laissées provisoirement en jachère qui appartiennent aux membres vivants du village ;

* les terres couvertes de végétations, qui sont métaphoriquement considérées comme les vêtements des ancêtres ou leurs maisons funéraires. Les ancêtres, il faut le dire, s’identifient à la terre et se confondent avec elle dans les notions de terre ancestrale. C’est ce qui explique la force des chefs des terres en Afrique. Leur pouvoir est reconnu, respecté et reste incontournable dans les villages.

(à suivre....)

 

                                                      

[1] Birago DIOP, poésie, Souffle



[1] L’holistique, c’est-à-dire tout ce qui se réfère à la totalité moralement supérieure aux individus, à l’universel. L’Africain a une vision globalisante du monde. Pour lui, le moi est terme d’une relation nécessaire au monde (société et nature) ; la personne humaine reste en étroite connexion, dans un jeu de participation, de correspondance d’attaches cosmiques et sociales ; elle existe dans une réelle communauté ontologique avec la nature et la société.



10/12/2009
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