Nouvelles Solidarités : Maria Elisenda témoigne...

Depuis le Mois d’Octobre dernier,  je suis engagée en tant que bénévole, dans l’Association « Aux Captifs la Libération » .Pour vous aider à mieux connaître de cette Association j’ai vous pouvez trouver son action et d’autres informations complémentaires en cliquant sur le site : www. Captifs.fr

   Fondements

L’association Aux Captifs, la libération, régie par la loi 1901, créée en 1981 par le père Patrick Giros et agréée par les pouvoirs publics, a pour but d’aller à la rencontre des personnes qui vivent dans la rue ou de la rue. Elle est implantée actuellement sur quatre secteurs parisiens (Paris Centre, Paris 10e, Paris 12e et Paris 16e).

 

Son action s’articule concrètement autour de tournées-rue, de permanences d’accueil où s’effectuent un travail d’écoute approfondi, un suivi social et sanitaire, et des programmes de dynamisation.

De multiples partenariats sont mis en place ainsi que de nombreuses activités de sensibilisation, d’information, de dialogue et de réflexion.

Des programmes spécifiques ont été également créés afin de répondre directement aux besoins

Des personnes que nous rencontrons dans les différents lieux d’accueil. Il s’agit aussi de cerner au mieux les lourdes difficultés de la population rencontrée : exclusion profonde, extrême précarité, asocialité, perte de repères, tendances suicidaires, alcoolisme et toxicomanie, violence, prostitution, pathologies lourdes et variées (VIH [1], hépatites, tuberculose, MST 




Ma mission consiste d’aller tous le lundi de 14 H 30 à 16 H30 en binôme, avec une autre personne salariée, à la rencontre des personnes transsexuels et des femmes prostituées, qui se trouvent dans le Bois de Boulogne et Porte Dauphine.

 

Pourquoi deux par deux ? Nous sommes envoyés en signe évangélique, en équipe et aussi pour des raisons de sécurité, la rue étant entre autres,  un lieu de  violence.

 

Comment se déroule la rencontre ? Elle est précédée d’une courte mais profonde préparation avec mon binôme : pour s’écouter, échanger, déposer le fardeau de ses propres  préoccupations,  être attentives l’une et l’autre, afin que la démarche soit libre et authentique. Et puis on prie pour confier par avance la tournée et les rencontres que nous ferons  C’est un parcours qui est défini  à l’avance, nous ne partons pas à l’aventure. Un parcours que l’on sait, que l’on connaît, et qui est emprunté par d’autres membres de l’équipe, chaque semaine, le même jour, à la même heure. «  C’est aussi l’assurance que nous sommes toujours précédés.et que d’autres nous précéderons »

 

« Nous allons dans la rue , les mains nues,  gratuitement, nous n’offrons rien, ni recevons rien, nous ne sommes pas dans l’assistance, le but est de favoriser avant tout une rencontre, afin d’établir un lien et de nouer une relation d’amitié, de personne à personne » (Patrick GIROS)   Ce sont des personnes, que nous reconnaissons,  Monique, Gisèle, Karine etc.

 

Nous parcourons à pied les endroits ou se trouvent ces personnes, en plein cœur du Bois de Boulogne, ou porte Maillot ou  porte Dauphine,  elles attendent debout sur le bord de la route qu’un client se présente,  certaines ont des petites camionnettes et c’est là qu’elles les reçoivent.

 

Nous accueillons et acceptons la personne avec ses problèmes, sa maladie, ou ses déviances, sans jugement ni condamnation.

 

Quand nous percevons une demande d’aide,  l’Organisation de L’Association permet d’orienter la personne vers un permanent qui servira de relais avec les services sociaux existants.

 

Je suis nouvelle donc, ma compagne de tournée  me présente aux personnes que nous rencontrons dans la rue, il semble qu’elles m’acceptent bien. La plupart sont étrangères, un grand nombre viennent d’Amérique Latine, elles parlent très  peu le français, certaines ne connaissent que l’espagnol. Je traduis donc au Français puisque  mon binôme est Française et ne comprend pas la langue espagnole.

 

Dans la plupart de cas,  me disent-elles,  ce sont des personnes qui viennent pour gagner de l’argent et ainsi nourrir soigner et élever les enfants et  la famille. Celle-ci ignore dans quelles conditions leur fille ou maman gagne de l’argent.

 

Les confidences qu’elles nous font, nous sommes tenu à garder  secret,  par rapport aux personnes de la rue et par rapport aux personnes de l’extérieur.

 

Au cours de rencontres et des confidences, j’ai découvert en elles, une grande souffrance,  mais aussi une grande dignité, elles ne se résignent pas à ce genre de vie, elles me disent, « je suis moi aussi une personne » Parfois je découvre en elles, l’image du Christ Souffrant, mais aussi par des aspects plus positifs et constructifs, elles me révèlent l’image du Christ  Sauveur, vainqueur du mal. Soit parce qu’elles  s’appuient sur la foi et l’Espérance en Dieu, et aussi sur leur propre courage pour faire des projets d’avenir et ainsi sortir de ces situations de servitude et de dépendance.

 

A cela s’ajoute une série de souffrances et des problèmes physiques, psychiques, affectifs et moraux. Solitude, causée  par l’éloignement du pays, affectifs à cause  de l’absence de la famille et des personnes que les aiment en vérité. La maladie du sida, les traitements, la difficulté pour se soigner décemment. Les troubles psychiques, les angoisses l’absence des papiers leur donnant accès à résider légalement en France, La violence subie par des hommes, souteneurs ou clients, la poursuite de la police qui les arrête et le conduit au commissariat où elles sont interrogées, parfois elles doivent payer des fortes amandes et aussi elles sont conduites  en prison.

 

Au cours d’une rencontre au bois de Boulogne j’admirais l’environnement, les grands arbres, ses feuillages  des couleurs jaunes, ocres, oranges, ou rouges quelle beauté, nous offrait cette nature généreuse, mais aussi qu’elle cruauté, dans ce même lieu, de  m’entendre dire en espagnol par Véronique : «  este bosquet me traga » « este trabajo  no es bueno para mi, ni para mis companeras, yo tambien soy una persona »

 

Une autre jeune brésilienne me dit : « je suis très gaie par nature, mais depuis que je suis dans ce travail, je pleurs toutes les nuits et pour me forcer à rester dans ce lieu de prostitution, (en me montrant une petite bouteille de liqueur dans sont sac), je suis obligée de boire ».

 

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La  « prière rue » réunit, une fois par mois, gens de la rue et mais de la rue (équipe de secteur et les paroissiens. 

 

Ce mercredi j’ai participé à la « prière rue » dans l’Eglise Ste Jeanne de Chantal, située dans le 16ème arrondissement où se trouve notre       antenne de Captifs.

 

La prière était animée par le Père aumônier de l’Association et la participation pour les intentions lues par deux personnes de la rue. Leurs intentions même si elles étaient lues avec beaucoup de difficultés, elles portaient le poids et la profondeur de leur conviction.

 

Cette prière a été suivie d’une collation  fort sympathique et conviviale, nous étions mélangés tous bénévoles, gens de la rue, salariés, paroissiens autour de la  table, et au plaisir commun de la dégustation s’ajoutait le partage et les échanges simples et cordiaux.

 

Une fois par mois nous bénéficions d’une révision de vie, qui permet d’éclairer la rencontre à la lumière de l’Evangile.

 

Régulièrement permanents et volontaires nous avons une réunion pour l’orientation, évaluation des contacts et du suivi des gens de la rue, supervisions psychologiques.

 

 

En vous donnant ce témoignage je n’ai d’autre but que celui d’apporter  ma solidarité et mon amitié à  tant de personnes qui se trouvent en  grande souffrance. Injustement  rejetés, marginalisées, cataloguées et jugées seulement par ce qu’elles font ou subissent, au lieu de les accueillir en tant qu’êtres semblables à nous en tant que  personnes, à qui nous devons  dignité et  respect.

                                     Maria Elisenda

 



27/11/2009
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