En ce 11 janvier, 1848, arrivée des premières missionnaires en Afrique
Dans sa lettre du 17 janvier 1848, la première écrite sur le continent africain, Sr. Paule Lapique souligne la nécessité absolue de s’appuyer sur "DIEU SEUL". D'autres suivront. Quand finalement les travaux de leur simple couvent furent terminés, les sœurs partirent de Gorée pour Dakar. Ce fut un pèlerinage hautement spirituel, une procession au large.
Quoique nous fussions parfaitement bien à Gorée, sous tous les rapports, il nous tardait bien cependant, de le quitter au plus tôt, pour nous rendre au milieu de nos chers Noirs et nous y fixer désormais ; de temps en temps, nous venions leur faire une visite et voir où en étaient les travaux de la maison ; ce qui nous procurait le plaisir d’une petite traversée, au risque d’avoir pour mon compte, le mal de mer et, les autres, la migraine ; mais on n’y regardait pas de si près, et cela n’empêchait pas d’être bien gaies et de chanter à gorge déployée, le "Magnificat" dans une frêle embarcation que la mer faisait danser à son gré. Un jour que Mgr Bessieux était le pilote, et nos chers noirs, les matelots, la joyeuse bande entonne le Magnificat, tout le monde chante! La mer jalouse veut aussi faire sa partie ; elle saisit un moment de distraction de nos chers marins, et tout en nous faisant entendre son harmonieuse voix, nous fait prendre un bain lequel rafraîchit les plus enflammés. Nous n’en continuons pas moins nos louanges à Marie!
Elles se concentrent surtout sur l’éducation des jeunes filles. Le baptême est important pour les rendre ‘enfants de Dieu’ et ensuite être capables d’élever leurs enfants aussi ‘chrétiennement’. Mais l’éducation est aussi nécessaire pour les rendre conscientes de leur dignité humaine et divine.
Nos pauvres nègres, comme je l’ai déjà dit, semblent nous voir parmi eux avec plaisir : les chefs se sont réunis et ont décidé qu’ils enverraient les petites filles à l’école ; ce sera avoir beaucoup gagné pour la mission, s’ils tiennent parole, car si les petites filles sont instruites et que cette instruction, comme nous l’espérons, les porte à embrasser la religion chrétienne, elles élèveront chrétiennement leurs enfants et leur inspireront de bonne heure l’amour du bien, après les avoir rendus enfants de Dieu, par le Baptême. Dans ce pays-ci, les femmes n’ont aucune religion, la loi de Mahomet les rejetant, aussi notre malheureux sexe est-il dans le dernier avilissement ; les femmes ne sont, pour ainsi dire, que les bêtes de somme de l’homme ; il en a quatre ou cinq ; elles le nourrissent de leur travail tandis qu’il ne fait que se promener du matin au soir.
Les sœurs ne doutent guère que l’oppression de la femme, même motivée par la religion musulmane doit être corrigée et remplacée par le respect profond de la personne humaine créée à l’image de Dieu. Chaque personne est enfant de Dieu et il faut la voir avec les yeux de Dieu. La conversion a donc aussi une signification culturelle qui implique la promotion de la personne et du tissu social existant. Elles reconnaissent en eux par ailleurs une humanité profonde et extrêmement positive, presque une image du paradis terrestre.[1]
En général, le caractère des wolofs est doux, bienfaisant; ils sont charitables entre eux et ont une certaine politesse qui consiste en une kyrielle de compliments, qu’ils ne manquent jamais de s’adresser quand ils se rencontrent.
[1] Dans la lettre 16 août 1848 Emilie de Villeneuve parle explicitement du ‘paradis terrestre de l’Afrique’.