1er décembre 2009 Journée Mondiale de lutte contre le SIDA : "Accès universel et droits de l'homme",
À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA 2009, le président du Symposium des Conférences Épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), le cardinal Polycarp Pengo, envoie un message émouvant au nom de tous les évêques catholiques réunis dans le SCEAM, qu'AJANews est heureux de partager avec vous. Veuillez l'utiliser dans vos communautés, vos paroisses, vos écoles et vos organisations. Dans la prière et la solidarité en cette Journée mondiale de lutte contre le SIDA !
SYMPOSIUM DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'AFRIQUE ET DE MADAGASCAR
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NOS VOEUX POUR LA JOURNÉE MONDIALE DU SIDA 2009
À tous nos frères et sœurs de l'Église Catholique en Afrique et ses Îles, à tous les hommes et les femmes de bonne volonté, et en particulier à toutes les personnes infectées par le VIH ou concernées par le SIDA : nous vous transmettons tous nos vœux à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA 2009. Le thème de cette année, "Accès universel et droits de l'homme", remet en question les lois, les politiques et les pratiques discrimina-toires qui s'opposent à ce que tous aient accès à la prévention, aux traitements, aux soins et à l'aide contre le VIH. Ce thème s'accorde bien avec le sujet du 2ème Synode des Évêques pour l'Afrique : L'Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ».
L'Église est sans pareille dans la lutte contre le VIH/SIDA et dans les soins apportés à ceux qui en sont infectés et affectés. Au début de l'année, le Pape Benoît XVI a répondu de la fa-çon suivante à un journaliste qui voyageait sur le continent : "L'acteur le plus efficace et le plus présent sur le front de la lutte contre le SIDA, c'est précisément l'Église catholique." Et nous, Évêques africains, nous savons qu'il a raison.
Bien que le SIDA disparaisse progressivement de l'agenda des gouvernements, de la socié-té civile et des organisations internationales, nous - qui sommes en permanence aux côtés de millions d'Africains gravement touchés par la pandémie - pouvons observer les rava-ges de la maladie parmi la population. Alors que les préoccupations officielles quant à la maladie se raréfient, nous réaffirmons théologiquement que le Corps du Christ est atteint du SIDA et, en tant que Famille de Dieu, nous exprimons notre détermination pastorale à apporter les réponses adéquates. Car l'Afrique reste le continent qui est le plus terrible-ment touché par la pandémie.
Nous plaidons pour qu'un soutien ininterrompu soit apporté aux les besoins du plus grand nombre L'aide est plus nécessaire que jamais. Le VIH et le SIDA n'ont pas disparu, malgré une impression prématurée du contraire. L'idée selon laquelle les traitements sont désormais ouverts à tous est erronée. Seul un tiers des personnes qui nécessitent un trai-tement en reçoit un, et dans les deux ans qui suivent le début de la thérapie, seuls 60% de ces personnes sont toujours sous traitement. Pour deux personnes qui accèdent à une thé-rapie, cinq autres contractent l'infection. Globalement, le nombre de nouvelles personnes infectées par le VIH dépasse toujours le nombre de celles qui sont sous thérapie et de cel-les qui meurent du SIDA. Le nombre d'orphelins et d'enfants abusés, vulnérables et infec-tés continue toujours de croître exponentiellement. La stigmatisation est un véritable en-nemi. L'Église connaît parfaitement l'impact réel du VIH et du SIDA sur ses fils et ses fil-les, et ce sera le cas pour les décennies à venir.
Les thérapies antirétrovirales (ARV) exigent d'être sous traitement à vie. Malgré cela, beaucoup de malades sous ARV en Afrique sub-saharienne arrêtent leur thérapie au cours des deux premières années car ils ne sont pas en mesure de payer les frais de transport pé-riodiques jusqu'à l'hôpital, ou encore parce qu'ils n'ont pas accès à de la nourriture en quantité suffisante - indispensable pour une bonne fidélité du traitement.
Le développement et la justice sont gravement compromis par la pandémie. La récession et la crise économique générales ont un impact préjudiciable sur nos frères et nos sœurs qui sont infectés et touchés par le VIH et le SIDA. La hausse des prix de la nourriture et autres produits de première nécessité entrave le progrès des traitements, dans la mesure où la population ne peut se payer la nourriture qui est pourtant indispensable au succès de la thérapie. En outre, la faim et un désespoir grandissants incitent les gens à recourir au sexe comme moyen de survie. Toute intervention visant à lutter contre le VIH et le SIDA de façon isolée est ainsi vouée à l'échec.
Pour inverser la tendance, il importe de reconnaitre et de s'attaquer à l'ensemble des fac-teurs favorisants la maladie - guerres, instabilité ou défaillance des pays, inégalité homme-femme et ravages du changement climatique pour ne citer qu'eux - de façon holistique. Ces facteurs ont pour conséquence de rendre les pauvres encore plus pauvres, plus dému-nis et plus vulnérables au VIH ; dans la mesure où ils sont déjà infectés, ces derniers sont également plus susceptibles de contracter la maladie.
Le VIH/SIDA n'est pas seulement un problème médical ; un investissement orienté exclu-sivement sur les médicaments n'aboutira à rien. Dans leur stratégie pour lutter contre le VIH, la malaria et la tuberculose, les pays étrangers ainsi que les agences des Nations Unies cherchent désormais à investir dans les systèmes de santé nationaux des pays afri-cains.
Avec le Saint Père, le Pape Benoît XVI, nous avertissons solennellement que la pandémie ne saurait se résoudre par la seule et unique distribution de moyens prophylactiques. Seule une stratégie fondée sur l'éducation à la responsabilité individuelle dans le cadre d'une vision morale de la sexualité humaine, en particulier à travers la fidélité conjugale, peut avoir un réel impact sur la prévention de cette maladie.
La conception que l'Église a du mariage - une communion d'amour totale, réciproque et exclusive entre un homme et une femme - engage à adopter le plus efficace des compor-tements possibles en matière de prévention de la transmission sexuelle de la maladie, à savoir l'abstinence avant le mariage et la fidélité dans le mariage.
Nous nous adressons particulièrement à la jeune génération, en qui nous croyons ferme-ment. Ne permettez à personne de vous faire croire que vous n'êtes pas en mesure de vous maîtriser. L'abstinence est la meilleure des protections. Pour ceux qui ne sont pas mariés, c'est également la seule ligne de conduite morale à suivre. L'unique recette, la clé de tout réside dans l'éducation, et nous sommes résolus à vous préparer à devenir le sel de la terre et la lumière du monde de demain, et à devenir des membres actifs, généreux et responsa-bles de la société et de l'Église.
Le SCEAM remercie tous ceux qui s'impliquent généreusement dans ce difficile apostolat de formation, d'amour et de soins.
Que la solidarité internationale catholique puisse continuer de soutenir l'engagement à long terme de l'Église en Afrique, un engagement fait de sensibilisation, d'accompagnement pour les personnes infectées et concernées par la maladie, et de forma-tion pour les jeunes. Que l'Église puisse affronter ce défi majeur - un parmi tant d'autres - au sein des familles, des communautés, des paroisses et dans toutes les dimensions de la vie de l'Église, ceci dans un esprit d'inclusion, de réconciliation et de grande harmonie.
Que notre Sainte Mère Marie, Reine de l'Afrique et Santé des Malades, intercède pour nous devant le trône de la grâce. Amen.
+ Polycarp Cardinal Pengo
Archevêque de Dar es Salaam, Tanzanie
Président du SCEAM
Journée mondiale de lutte contre le SIDA, 1er décembre 2009